La Société Francophone d’Arthroscopie, à l’occasion de son congrès de Rennes en décembre 2019, a publié un communiqué de presse alertant sur le caractère encore trop systématique de l’ablation des ménisques en cas de lésion méniscale.
En effet, les deux ménisques du genou qui se comportent comme des « coussinets » interposés entre le fémur et le tibia jouent un rôle essentiel dans la protection du cartilage en amortissant les chocs et en harmonisant les contraintes que subit cette articulation.
En cas de lésion méniscale, l’ablation du ménisque (méniscectomie) est loin d’être systématique. Même si celle-ci n’entraîne que peu de conséquences chez le patient de plus de 40-45 ans, elle risque d’entraîner une usure précoce du cartilage (arthrose) chez les patients plus jeunes chez qui tout doit être fait, dans la mesure du possible, pour préserver le ménisque déchiré en tentant d’obtenir sa cicatrisation.
Les différents types de lésions méniscales et leur traitement
Le traitement d’une lésion méniscale va dépendre de 3 éléments :
- L’âge du patient
- L’origine traumatique ou dégénérative de la lésion
- La forme de la lésion, analysée par l’IRM, qui détermine son caractère réparable ou non
Chez les patients jeunes (< 35 ans)
Les lésions traumatiques sont les plus fréquentes. Les lésions survenant sans traumatisme sont plus rares et peuvent être liées à une fragilité « anormale » du ménisque par défaut de vascularisation ou par vieillissement dégénératif précoce.
Chez les patients jeunes, il faut tout faire pour préserver le ménisque en tentant d’obtenir sa cicatrisation à l’aide d’une suture chirurgicale qui s’effectue par arthroscopie. Cette cicatrisation est possible lorsque la lésion est située dans une zone correctement vascularisée du ménisque ce qui n’est notamment pas le cas de certaines lésions mobiles dites instables.
Statistiquement, les meilleurs résultats sont obtenus en cas de lésion traumatique plutôt que dégénérative et lorsque cette lésion concerne le ménisque externe plutôt que l’interne.
Chez les patients plus âgés (> 40 ans)
Ce sont de très loin les lésions méniscales les plus fréquentes. Elles surviennent en dehors de tout contexte traumatique et sont liées au vieillissement naturel du ménisque qui, perdant progressivement de sa résistance, se fissure sur un mouvement banal. Dans la majorité des cas, le moment où se crée la lésion passe inaperçu et celle-ci peut rester asymptomatique pendant de nombreuses années.
Les lésions dégénératives cicatrisent très mal raison pour laquelle on ne propose pas de suture méniscale après l’âge de 40 ans et le choix du traitement va alors surtout dépendre de la stabilité de la lésions méniscale.
Les lésions dégénératives stables comportent une fissure du ménisque sans détachement de fragment méniscal mobile. Ces lésions restent souvent longtemps asymptomatiques et des douleurs peuvent apparaître secondairement lors ou au décours d’activités sportives. Le traitement de ces lésions dégénératives stables du sujet « âgé » est médical et repose sur la prise d’anti-inflammatoires, les infiltrations de corticoïdes, le repos sportif temporaire et éventuellement le port de semelles orthopédiques. Ce n’est que lorsque ce traitement médical est inefficace qu’une ablation partielle du ménisque peut être envisagé.
Les lésions dégénératives instables ont une forme particulière qui détache un fragment mobile de ménisque provoquant, en plus des douleurs, des sensations de blocages ou d’instabilité du genou. Ces lésions répondent mal au traitement médical qui ne permet pas de stabiliser le fragment mobile laissant persister la gêne. Il est donc fréquent de proposer d’emblée une opération visant à effectuer par arthroscopie une méniscectomie partielle où seule la partie mobile du ménisque est retirée.
Lésion stable | Lésion instable | |
---|---|---|
ÂGE < 35 - 40 ANS traumatique >> dégénérative | Suture méniscale | Suture méniscale si possible Sinon méniscectomie partielle |
ÂGE > 35 - 40 ANS dégénérative >> traumatique | Traitement médical Si échec : méniscectomie | Méniscectomie partielle |
En résumé
La prise en charge des lésions méniscales dépend essentiellement de l’âge.
Chez les sujets jeunes pour lesquels ces lésions sont peu fréquentes, il faut tout faire pour conserver les ménisques en proposant, à chaque fois que cela est possible, une suture de la lésion par arthroscopie afin de limiter le risque évolutif vers une arthrose précoce.
Chez les sujets âgés de plus de 40 ans, ces lésions sont fréquentes et font partie du vieillissement normal des ménisques. Leur traitement est essentiellement médical sauf en cas de fragment méniscal instable où il faut alors procéder à une méniscectomie partielle par arthroscopie qui, à cet âge, n’entraîne que peu ou pas d’évolution arthrosique.
Découvrez l'opération liée à cet article :
méniscectomie et suture méniscale par arthroscopie
Les fissures méniscales sont des lésions fréquentes. La plupart sont des lésions dégénératives par usure naturelle du ménisque et d’autres sont d’origine traumatique. Dans certains cas, une intervention chirurgicale peut être nécessaire. C’est le cas lorsque la fissure détache un fragment mobile responsable de sensations de blocage du genou. C’est également le cas en cas de lésion méniscale chez un sujet jeune pouvant être réparée ou en cas de lésion non soulagée par le traitement médical (infiltrations). En fonction de l’âge du patient, du type, de la forme et de la localisation de sa lésion méniscale, on procède soit à une suture du ménisque, soit à une ablation de la zone abimée du ménisque. Cette opération s’effectue de façon mini-invasive par arthroscopie.